Le plus grand défi n’est pas technique ni médical, il est social
Le plus grand défi n’est pas technique ni médical, il est social
Faut-il repenser le financement du système de santé en Belgique ? La trajectoire de santé des patients doit-elle l’être aussi ? À quoi s’attendre dans l’évolution des infrastructures hospitalières ? Éléments de réponse.
Quels sont les défis financiers dans les soins de santé et l’impact des réseaux en la matière ?
Didier Gosuin : « Le travail en réseau nécessite deux préalables indispensables : sortir d’une logique frontalière - 30 % de la patientèle des hôpitaux bruxellois ne vient pas de la Région bruxelloise - et disposer de suffisamment de réseaux, trois ou quatre pouvant être une option à Bruxelles. Tout cela aura des implications en termes d’organisation, d’infrastructures, de technologies et de finances. Nous travaillons sur un modèle de financement simplifié pour sortir de la bivalence État-Régions : auparavant, les financements du fédéral portaient sur des amortissements et ceux des Régions sur les factures. (…) De façon justifiée, cela fait 15 ans que l’on nous demande de faire des économies. Il y a déjà eu bien des rationalisations, comme la baisse du nombre de lits. Aujourd’hui, on annonce - et c’est légitime - qu’on ne va plus pratiquer les soins de la même manière, qu’on va devoir accélérer les passages en hôpital, qu’on met en place le virage ambulatoire, qu’on veut que le patient soit acteur de son trajet de soins, etc. Tout cela fait beaucoup de réformes. À force de vouloir aller trop vite, on risque de ne faire qu’une opération budgétaire au détriment d’une médecine de qualité. »
Un coût parmi les plus importants est l’infrastructure. Vers quoi se dirige-t-on ?
Didier Gosuin : « Il y a trop de lits dans les hôpitaux… mais il y en a trop peu dans d’autres secteurs, comme les lits psychiatriques en Région bruxelloise ! Oui, il faut rationaliser… mais il faut prévoir d’autres solutions d’hébergement ! Or, on n’a même pas encore établi une préfiguration des investissements nécessaires pour que la réforme des réseaux soit pleinement aboutie. »
La digitalisation prend une part croissante dans le monde de la santé. Quel est son impact sur les hôpitaux ?
Didier Gosuin : « Il faut tout de même reconnaître qu’on a déjà bien avancé dans l’établissement du Réseau Santé Bruxellois, qui est déjà homogénéisé au niveau du pays. Même si les référents et les normes sont parfois différents, les systèmes sont compatibles. Cela permettra un saut qualitatif, un échange d’informations, de meilleurs diagnostics et des économies. Comme on vient de lancer ce réseau de santé, tous les médecins n’y sont pas encore, mais cela va s’améliorer à court terme. »
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