Pour le droit à la qualification tout au long de la vie
Pour le droit à la qualification tout au long de la vie
Au-delà des polémiques sur des débats tranchés au siècle passé sur l’obligation scolaire, il est devenu indispensable de concrétiser un réel droit à la qualification tout au long de la vie, porté à la fois par l’enseignement, la formation, les entreprises et l’ensemble de la société.
Il y a 100 ans, la Belgique mettait en œuvre la loi décrétant l'instruction obligatoire jusqu’à 14 ans. En 1983, la scolarité obligatoire était prolongée jusqu’à 18 ans. Régulièrement, cette prolongation est remise en cause au vu notamment du nombre de décrocheurs. Ne serait-il pas préférable d’envoyer directement ces jeunes dans le monde du travail ? Question qui provoque immanquablement des procès en utilitarisme d’une école qui serait mise au service du marché.
Pourtant, plus de 18% des jeunes Wallons sortis de l’enseignement obligatoire n’ont pas de diplôme de fin de secondaire. C’est le cas de plus de 24% des jeunes Bruxellois. Les certifications professionnelles acquises après formation ou validation des compétences ne sont pas encore suffisamment reconnues. Le taux de chômage à Bruxelles est au plus bas depuis 25 ans et le taux d’emploi commence à progresser. Mais l’effort à fournir est encore immense. La transformation de nos économies, en voie de digitalisation, demande un effort important de reconversion des travailleurs. Les parcours et carrières ne sont plus linéaires mais toujours davantage marqués par des mobilités voulues ou contraintes. Nos politiques n’en ont pas encore pris la réelle mesure.
Ramener brutalement l’obligation scolaire à 16 ans ne permettra pas de relever ces défis et pourrait même aggraver le décrochage. En réalité, l’obligation scolaire n’est déjà aujourd’hui qu’à temps partiel. À partir de 15 ans révolus, les jeunes inscrits en formation PME ou dans l’enseignement en alternance satisfont en effet pleinement à cette obligation. Nous avons besoin de franchir une étape supplémentaire. Je propose donc d’instituer un nouveau droit à la qualification tout au long de la vie, et ce, dès 15 ans, à la sortie du tronc commun.
Ce n’est pas l’obligation scolaire OU le droit à la formation (ou, encore pire, "NI l’un, NI l’autre"). C’est bien l’obligation scolaire partielle jusque 18 ans ET le droit à la qualification pour tous à partir de 15 ans que je prône.
L’éducation n’est pas seulement une obligation. C’est aussi, plus positivement, un droit, à garantir à tous, et, avant tout, un formidable outil d’ouverture et de liberté. Les jeunes ne doivent pas être les seuls à pouvoir en bénéficier. Nous avons besoin d’une vision large de la formation tout au long de la vie pour développer les qualifications au quotidien, y compris dans l’entreprise : un droit individuel à la formation professionnelle incluant la validation des compétences, un réel compte individuel de compétences, un accompagnement des entreprises et des secteurs dans la gestion prévisionnelle des qualifications et des emplois…
En attendant que le niveau fédéral apporte sa pierre, la Fédération Wallonie-Bruxelles et les Régions wallonne et bruxelloise ont la responsabilité de coopérer pour élargir les différentes formules d’apprentissage en milieu de travail à tous les publics; reconnaître tous les diplômes - professionnels comme d’enseignement -; étendre les dispositifs innovants (comme le service citoyen) pour mieux répondre aux besoins de chaque jeune; démultiplier les passerelles entre enseignement, formation, entreprises, et les transitions choisies entre différents statuts. Pour cela, il n’y a pas besoin d’une régionalisation de l’enseignement qui nous enliserait dans de nouveaux chantiers institutionnels.
100 ans après la première loi sur l’obligation scolaire, il est plus que temps que nous avancions sur le chemin du droit à la qualification tout au long de la vie.
Carte blanche à lire aussi via L’Écho.be.