L’exclusion des chômeurs : les chiffres exacts

L’exclusion des chômeurs : les chiffres exacts

A partir du 1er janvier 2015, les personnes qui perçoivent des allocations sur base de leurs études depuis 36 mois et plus ou celles qui n’ont pas suffisamment travaillé pour recevoir des allocations seront exclues du chômage.

Elles n’auront d’autre choix que de se tourner vers les CPAS pour espérer bénéficier de revenu d’intégration sociale. Une partie d’entre elles n’y auront pas droit car elles ne rentreront pas dans les conditions. Les chefs de famille et les personnes isolées y auront peut-être droit.

La Région ne peut pas rester sans rien faire face à l’ampleur des conséquences sociales que pourrait entraîner cette mesure. Dès la mi-novembre, le Ministre bruxellois de l’Emploi, Didier Gosuin, a envoyé un courrier au Premier Ministre, Charles Michel et au Ministre fédéral de l’Emploi, Kris Peeters. Dans celui-ci, deux demandes ont été formulées.

1. Prolongation des droits aux allocations d’insertion à tous les chercheurs d’emploi qui sont déjà ou qui entament une démarche positive de recherche d’emploi accompagnés par l’Office régional bruxellois pour l’emploi.

2. Report de la mesure pour permettre à Actiris de recevoir de toutes les personnes déclarant être porteuses d’un handicap ou souffrir de problèmes sérieux, aigus ou chroniques de nature médicale, mentale, psychique ou psychiatrique.
Celle-ci se justifie par le fait que les informations concernant les chômeurs susceptibles de perdre leurs allocations d’insertion au 1er janvier 2015 ont été transmises cet été par l’Onem à Actiris. Obligeant l’Office à travailler dans l’urgence.

« C’est une véritable bombe sociale qui s’abat sur Bruxelles »

Au 30 novembre dernier, Actiris recensait 4.694 personnes qui pourraient perdre leur droit aux allocations d’insertion le 1er janvier 2015.

Parmi les 4.694 personnes recensées, 39,6% sont des hommes et 60,4% sont des femmes, premières touchées par l’exclusion.

51,7% ont entre 30 et 39 ans, 20,2% entre 25 et 29 ans et 19% entre 40 et 49 ans. Cette mesure touche principalement des personnes qui ont une famille à charge et non les plus jeunes qui représentent 7,4% des personnes potentiellement exclues.

Au regard de la ventilation des profils par niveau d’études, on constate également que la mesure touchera principalement des personnes ne possédant pas de diplôme. 83% des personnes ont au maximum leur diplôme du secondaire supérieur. Or, on sait que ce sont justement ceux-là qui ont le plus de difficulté à trouver un emploi car leur profil ne correspond pas aux attentes des employeurs bruxellois.

On constate également que les communes du croissant pauvre de Bruxelles sont principalement touchées. 70% des personnes habitent ces communes.

Les mesures mises en place au niveau régional
Les personnes exclues pourront, si elles le souhaitent, se réinscrire chez Actiris. Cela leur permettra de bénéficier de toutes une série de services utiles à la recherche d’emploi : un accompagnement personnalisé, un coaching adapté, une préparation aux entretiens d’embauche, des cours de langues, des cours d’informatique…
Une fois réinscrites chez Actiris, elles auront également accès aux formations dispensées par Bruxelles-Formation.

Le gouvernement de la Région bruxelloise va évidemment prendre des mesures afin que ces différents plans de mise à l’emploi puissent bénéficier, dans la mesure du possible, aux personnes exclues.

Par ailleurs, la section CPAS de l’Association bruxelloise des Villes et Communes est chargée de réaliser un monitoring précis du nombre et du profil des personnes demandant l’aide sociale.
Ce monitoring permettra à la Région de mesurer l’impact de l’exclusion sur les communes.

« La cohésion sociale, dont Bruxelles manque déjà cruellement, va être mise à mal. Nous n’avons pas besoin de tensions supplémentaires ».