Didier Gosuin veut réduire le temps de travail. Le patron de la Sonaca est pour !

Didier Gosuin veut réduire le temps de travail. Le patron de la Sonaca est pour !

 

L’idée n’est pas neuve. En 2012 déjà, Didier Gosuin annonçait qu’il fallait être créatif pour mettre au travail les non qualifiés. Une idée, défendue par Pierre Larrouturou, est la répartition volontaire du temps de travail. Pour Didier Gosuin, il convient de situer cet objectif dans les entreprises offrant des emplois majoritairement peu ou pas qualifiés. En novembre 2015, le Ministre Didier Gosuin relançait le débat d’une réduction du temps de travail en annonçant une « recherche-action » sur le sujet au sein de Bruxelles-Propreté. La semaine passée, dans une interview accordée au Trends, Bernard Delvaux, patron de la Sonaca, plaide également pour la réduction du temps de travail. 

Il y a quelques mois, le Ministre Didier Gosuin se positionnait sur la question d’une réduction du temps de travail : « A Bruxelles, on recense plus de 100.000 chercheurs d’emploi, dont 66% n’ont pas de qualification. Or, on constate une tendance à la hausse d’une destruction des emplois à faible qualification. Pour moi, une possibilité de création d’emplois serait d’affecter une partie des réductions de cotisations patronales à des opérations ciblées sur l’emploi non qualifié, qui viseraient à créer la semaine de 4 jours avec embauche compensatoire à la clé ».

Dans le Trends du 14 janvier 2015, Bernard Delvaux et Pierre Larrouturou défendent l’idée d’une semaine de 4 jours.

Pour Bernard Delvaux, patron de la Sonaca, le constat est le même : « la digitalisation va réduire les besoins de main-d’œuvre dans les services, l’administration et même le retail, comme la robotisation l’a fait pour l’industrie. L’évolution naturelle poussera donc vers un partage et une réduction intelligente du temps de travail. Nous avons moins besoin d’interventions humaines qu’avant et plutôt que d’avoir des gens qui travaillent plein pot et d’autres qui n’ont pas de boulot, je préfère que l’on partage ce temps de travail », explique-t-il. 

Pierre Larrouturou, économiste français, est un fervent défenseur de la piste d’une semaine de quatre jours, susceptible de créer des milliers d’emplois et de renforcer la cohésion sociale. «  Si nous ne partageons pas le temps de travail, nos sociétés vont finir par exploser. Certaines entreprises l’ont bien compris. Quatre cents entreprises françaises sont passées à la semaine des quatre jours en adoptant des formules différentes. Certaines ont gelé les salaires, d’autres les ont réduits de 3%, d’autres encore ont instauré des formules d’intéressements ou une flexibilité bien pensée ».

Le Ministre Didier Gosuin et la Secrétaire d’Etat Fadila Laanan travaillent ensemble sur une étude de recherche-action qui sera menée cette année au sein de l’agence Bruxelles-Propreté pour tester la faisabilité légale, opérationnelle et l’impact socio-économique d’un tel modèle.   

« Réduire d’un jour la semaine de travail à Bruxelles-Propreté pourrait permettre de créer 20% d’emplois supplémentaires. En effet, si on réduit de 20% le temps de travail, on aboutirait à 400-500 emplois par embauche compensatoire. Ce projet permettra de mettre les raisonnements simples à l’épreuve de la réalité. Évidemment, il faut le faire prudemment. Il ne faut pas toucher aux salaires des travailleurs, qui ne sont pas hauts. Il ne faut pas non plus pénaliser l’entreprise. Il faut donc jouer sur les cotisations patronales payées par les entreprises pour créer de l’embauche compensatoire. Les moindres recettes perçues en cotisations patronales sont donc équilibrées par une réduction du taux de chômage », conclut le Ministre Didier Gosuin.