Transparence: séparer l’ivraie du bon grain

Transparence: séparer l’ivraie du bon grain

Ce dimanche,12 février, mon parti est en congrès sur le thème de l'éthique en politique et de la bonne gouvernance.

Je n'y assisterai pas.

Il n'y a pas de débat de ce type à tenir dans la précipitation d'une actualité nauséabonde. L'éthique en politique doit être consubstantielle à la fonction politique que l'on exerce d'ailleurs sous la foi du serment.

Je n'irai pas à ce congrès car j'aurais le sentiment de devoir sauver la face et crier en chœur "nous ne sommes pas tous des pourris".

Quelques crapules, issues du sérail, nous ont déshonorés et ont contribué à miner notre démocratie. Les uns, avec leurs titres et fonctions, ont frayé sans vergogne avec les pires mafieux, corrupteurs et corrompus de notre société. Les autres ont usé de leurs mandats pour extorquer à leur seul profit la collectivité et le citoyen. Pour les uns comme les autres, la seule motivation fut l'enrichissement sans cause. Ils ont détruit tout ce en quoi je crois. La noblesse de l'engagement politique par son service à la société.

Je n'assisterai pas à ce congrès car j'aurais le sentiment de me justifier ou de justifier la fonction politique. La rapacité aux gains faciles mine notre modèle social et économique, met à mal la démocratie en entraînant l'électeur vers des dérives extrémistes bercées par le chant des sirènes populistes.

La fonction politique est suffisamment rémunérée. Nul besoin de la conforter encore davantage. L'argument de mieux la valoriser pour éviter à l'avenir les dérapages actuels m'insupporte. Avant tout,il faut faire place nette et désinfecter la vie politique par la transparence la plus complète. Si les individus coupables et leurs pratiques amorales ne sont pas écartés, ce serait comme une prime à la délinquance. "Ils ont piqué dans la caisse commune donc j'augmente tous les futurs émoluments pour éviter de nouvelles tentations". Vous comprendrez que cet argumentaire est indécent pour tous ceux qui vivent d'un salaire réellement de misère.

Alors je fais grève politique ce dimanche et n'irai pas dégoiser sur la bonne gouvernance. Aucune règle ne se substituera jamais à l'éthique personnelle et les délinquants politiques qui, de près ou de loin, ont cautionné et entretenu ces dérives doivent être mis hors du champ politique. Ils n'y ont plus leur place. Avant toute réforme, il faut que les présidents des partis concernés extraient l'ivraie du bon grain, posent enfin un geste fort, un geste d'apaisement démocratique, de confiance dans la légitimité du politique. Ensuite il nous faudra sereinement, sans tabou ni exclusive ou précipitation débattre des réformes nécessaires pour moraliser mieux encore la vie politique.

Alors je retournerai sur le banc des débats sans avoir le sentiment infect de devoir me disculper.